Le maternage proximal

Dans plusieurs contrées de notre monde, les bébés ne pleurent pas. C’est par exemple le cas chez les autochtones du Grand Nord, les Amérindiens, mais aussi en Inde ou à Bali.

Je vous propose de découvrir le « secret » de ces peuples. Il s’agit du maternage proximal : un ensemble de pratiques qui répondent aux besoins fondamentaux du bébé, lui évitant ainsi d’avoir à pleurer ! Car les pleurs d’un bébé ne sont pas, contrairement à la légende, bons pour eux ou pour leurs poumons, au contraire ! Ils ne servent pas non plus à « décharger » comme on l’entend souvent, de même qu’un bébé ne pleure pas par « caprice »…

Les pleurs sont un cri, un appel, un langage. Le tout-petit peut pleurer parce qu’il a faim, ou parce qu’il éprouve une douleur physique, a souillé sa couche, a froid ou chaud, est fatigué, s’ennuie, a besoin de se défouler ou n’est pas respecté dans ses rythmes.

Un bébé peut pleurer parce que la grossesse de sa mère a été difficile, ou son accouchement, ou alors parce qu’elle est déprimée. Son manque de maturation à la naissance explique qu’il lui est encore plus difficile qu’à nous de gérer ses ressentis et ses émotions. Et ceux qui arrivent encore moins à gérer tous les stimuli venus de l’extérieur sont souvent qualifiés de « difficiles ».

Un nouveau-né a un besoin impératif de proximité et de contact. Si ce besoin n’est pas reconnu et satisfait, s’il vit des séparations trop précoces, alors il va alors l’exprimer par des pleurs. C’est sa manière à lui de communiquer.

Parfois, avant que le bébé ne puisse bouger par lui-même, il est victime d’un trop-plein d’énergie qu’il ne peut évacuer qu’au travers des pleurs. Enfin, certains bébés souffrent de voir leurs parents trop centrés sur lui.

Les conséquences du laisser-pleurer ou du consoler…

Si on laisse le bébé pleurer, ce dernier va continuer jusqu’à en perdre haleine ou finir par se résigner. Il va alors vivre la détresse, le sentiment d’impuissance et la peur…

A court terme, les paramètres physiologiques des bébés correctement « maternés » sont meilleurs. Les bébés au contact de leur mère dès la naissance ont une meilleure pression sanguine, une meilleure température, un rythme cardiaque et respiratoire plus stable que ceux restés en nurserie. Leur adaptation métabolique est plus rapide et leur succion plus vigoureuse, d’où une meilleure prise de poids…

A plus long terme, un enfant obtenant des réponses adéquates à ses manifestations développera un meilleur lien d’attachement avec son parent et une meilleure aptitude à faire confiance.

Inversement, un bébé qu’on laisse pleurer a bien des chances de devenir un adulte anxieux, incapable de gérer son stress. Déjà lors d’épisodes de pleurs, les structures et systèmes essentiels du cerveau peuvent être endommagés. Ces bébés seront plus sujets à des crises d’épilepsie, à l’agressivité envers les autres et envers eux-mêmes, plus souvent malades et dépressifs.

Les effets négatifs du laisser-pleurer peuvent même se reporter sur la génération suivante, car les effets physiologiques du stress se transmettraient aux descendants.

Apaiser les pleurs semble donc être une recommandation indispensable. On peut aider un bébé à se calmer à travers la succion, le contact et le mouvement, la distraction, les bruits et vibrations, les massages et enveloppements et enfin les traitements et l’alimentation.

Dans tous les cas, ne pas nier ou minimiser les sentiments ou sensations de l’enfant, mais le consoler et répondre à ses besoins.

Ne pas rester seuls : avoir un réseau, aller en parler avec un professionnel ou autre.

Et si les pleurs sont inconsolables, dire au bébé qu’on n’a pas trouvé pourquoi il pleure, qu’on est vraiment désolé pour lui et qu’on espère qu’il va aller mieux bientôt…

Conclusion : Un bébé qui pleure, c’est souvent un bébé chez lequel on n’a pas reconnu les signaux qu’il a envoyé avant…

 

 

Pour aller plus loin…

Dans l’ouvrage d’Isabelle Filliozat, Il pleure, que dit-il ?, l’auteure se fait la voix de Priscilla Dunstan qui nous aide à décoder les pleurs du bébé pour les apaiser.

En résumé :

Nèh     = J’ai faim                                           Solution : Je nourris bébé

Èh        = J’ai besoin de faire un rot               Solution : Faire roter bébé

Aoh     = J’ai sommeil                                    Solution : Aider bébé à s’endormir

Èèrh    = J’ai des gaz dans le bas-ventre       Solution : Masser bébé

Hèh     = Je suis inconfortable                       Solution : Bébé a chaud, froid ou a mouillé sa                                                                    couche

Guèn   = Je fais mes dents                             Solution : Donner à mâchouiller

Lelaol  = Je me sens seul-e                            Solution : Interagir avec bébé

Nah     = J’ai soif                                            Solution : Donner à boire

Ouin    = Je n’en peux plus                            Solution : Calmer bébé

 

Dunstan Baby Language

Je vous recommande vraiment la lecture de cet ouvrage d’Isabelle Filliozat qui vous aidera à entendre et comprendre votre bébé avant que celui-ci ne doive se résoudre à pleurer…

Sources :

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, Ne pleure plus, bébé !

Jean Liedloff, Le concept du continuum

Priscillia Dunstan, Dunstan Baby Language

Isabelle Filliozat, Il pleure, que dit-il ?