Allaiter après les premiers mois

 

MENSONGE QUE L’ON ENTEND SOUVENT: Allaiter, c’est bien les premiers mois, après, ça ne sert plus à rien (ou c’est mauvais).

C’est sans doute chez nous le « mensonge » qui fait le plus de mal à l’allaitement, et qui est relayé aussi bien par les professionnels de la santé que par les travailleurs de la petite enfance, la voisine, la belle-mère, la bonne copine, les médias, etc.

Dès que l’allaitement dépasse quelques semaines, la mère est assaillie de questions, de remarques, de critiques, d’interrogations … et soumise à une rude pression: « Quand est-ce que tu arrêtes? », « Mais quand vas-tu lui donner autre chose? », « Ton lait ne doit plus lui suffire », « Cela suffit comme ça, pas la peine de continuer », « Là, vous vous faites plaisir, c’est tout », « Vous êtes aveugle aux signes que vous envoie votre bébé disant qu’il veut arrêter de téter » (si, si, je l’ai entendu, de la bouche d’une psy!), « Vous le rendez dépendant », « Attention à l’inceste » (s’il s’agit d’un garçon), « Vous allez en faire un homosexuel »,  » Il risque d’avoir des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) plus tard », « Vous mettez vos enfants à votre service sexuel » … j’en passe, et des meilleures.

La limite au-delà de laquelle cela devient soit inutile, soit pathologique varie selon les gens: pour certains, ce sera trois mois, pour d’autres six mois, pour d’autres encore neuf ou douze mois. Sans qu’aucune raison valable, aucune étude scientifique sérieuse ne vienne corroborer ces dires.

Non, après 3 mois, le lait maternel, ce n’est pas « que de l’eau »! Lire la suite

Une meilleure santé future

Continuer à allaiter n’est pas seulement bon pour la santé présente de l’enfant, ça l’est aussi pour la santé de l’adulte qu’il deviendra.

Dans le chapitre sur les effets de l’allaitement sur la santé, j’ai donné de nombreux exemples montrant que plus l’allaitement a duré, plus les effets sur l’état de santé de l’individu sont importants (effet dose-dépendant). En voici quelques exemples supplémentaires: Lire la suite

Non, les enfants allaités longtemps ne deviennent pas anormaux! Lire la suite

Les recommandations de l’OMS et du ministère

Voilà déjà plusieurs années que l’Organisation mondiale de la santé recommande un allaitement exclusif de 6 mois, et la poursuite de l’allaitement jusqu’à 2 ans ou plus.Pendant longtemps, ces recommandations ont été dénigrées chez nous comme « justes bonnes pour les pays pauvres, mais en France, voyons…! » Cette exception française, dont on se serait bien passé semble en voie de disparition. C’est d’abord l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) qui, dans ses « recommandations professionnelles sur la mise en oeuvre et la poursuite de l’allaitement maternel dans les six premiers mois de la vie de l’enfant » écrit: « La poursuite de l’allaitement maternel exclusif pendant 6 mois permet un développement optimal des nourrissons et doit donc être encouragée ». Et: « La poursuite de l’allaitement après l’âge de 6 mois associée à une diversification alimentaire ne présente que des avantages pour les nourrissons. »

C’est, depuis peu, la brochure sur les bénéfices de l’allaitement pour la santé de l’enfant et de sa mère, écrite par le comité de nutrition de la Société française de pédiatrie et publiée par le ministère  de la Santé, qui reprend pour la première fois l’intégralité des recommandations de l’OMS: « L’allaitement maternel permet une croissance normale au moins jusqu’à l’âge de 6 mois. Il n’y a donc pas de raison d’introduire d’autres aliments avant cet âge, comme l’OMS le recommande, en insistant sur le fait que l’allaitement maternel peut être poursuivi jusqu’à l’âge de 2 ans ou même davantage, selon les souhaits de la mère, à condition d’être complété par la diversification alimentaire à partir de l’âge de 6 mois. A tous ceux qui continuent de critiquer l’allaitement au-delà des premiers mois, on peut donc rétorquer qu’on suit les recommandations du ministère de la Santé!

 

Mon avis est le suivant:

 

Allaiter après les premiers mois devrait redevenir la norme

pour la santé des mères et des bébés.

La société et le monde du travail devraient encourager la poursuite de l’allaitement complet jusqu’à 6 mois,

puis partiel au-delà chez les mères qui reprennent une activité professionnelle

en proposant des postes sur des demi-journées!

Les mères seraient plus sereines et les enfants moins souvent malades! 

Ça serait du gagnant-gagnant…

 

Mais c’est aussi aux femmes de revendiquer de nouveaux droits et de se battre pour eux!

C’est ainsi que la société a une chance d’évoluer dans le bon sens…

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Un âge naturel pour le sevrage? Lire la suite

De toutes ces données, on peut conclure que l’âge « naturel » du sevrage chez les humains se situe entre 2,5 et 6 ans. Lire la suite

Conclusion

Même si toues ces fausses idées sur l’allaitement continuent à circuler autour de nous, il faut quand même dire que depuis quelques années, les (bonnes) informations se font plus nombreuses.

C’est le cas dans les médias, où l’on trouve beaucoup plus qu’avant des articles bien informés dans les magazines de puériculture, dans la presse généraliste, sur les radios et les chaînes de télévision. Et nouveauté: l’allaitement n’est plus cantonné aux articles sur l’allaitement, on en parle dans les autres articles. Alors qu’auparavant, le bébé était supposé être au biberon, on prend maintenant en compte le fait qu’il peut être allaité

C’est le cas chez les professionnels de santé qui, même si leur formation initiale est toujours ridiculement insuffisante, sont de plus en plus nombreux à adhérer aux normes de l’OMS.

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